David Rullier, co-directeur général du groupe Rullier
Extrait de l'avenir aquitain du 05 novembre 2020
"ENTREPRISES Le groupe Rullier, basé historiquement en Gironde traverse la crise actuelle avec prudence mais confiance.
Entretien avec son co-directeur général, David Rullier.
De l’autre côté du pont, à un jet de pierre du fleuve qui sépare Fronsac de Libourne, l’entreprise Rullier bruisse d’activité. Une entreprise familiale qui tient bon malgré les crises. David Rullier, souriant derrière son masque siglé aux couleurs du groupe, avoue d’emblée son optimisme « dans l’âme ». Pourtant, entre Covid-19 et multiples crises viticoles, il y a de quoi penser l’avenir sombre. « Il n’y a pas matière à pleurer aujourd’hui. Nous appartenons à la filière alimentaire.
Et même si nous travaillons moins, il y a bien d’autres secteurs qui traversent des difficultés plus complexes. » Le ton est posé par David, le petit-fils de Michel Rullier, fondateur de l’entreprise. Avec son frère, Simon, ils poursuivent le travail de leur père Bertrand. Simon depuis 13 ans, David depuis 23, après un passage à Sup de Co. Ce dernier est fier de ce groupe « 100 % familial » qui a trois secteurs d’activité :
espaces verts, agriculture-viticulture, ingénierie vinicole (l’aménagement de chais du pressurage à la mise en bouteille). Des activités qui se partagent entre négoce de matériel, intégration, formation et service après-vente. Le groupe compte 180 employés, « apprentis compris » répartis sur sept sociétés multibases qui couvrent la Nouvelle-Aquitaine et le pourtour méditerranéen, « de Banyuls à Menton ».
Marchés contractés
« Le marché peut se contracter, mais la Nature avance… nous nous devons d’accompagner les agriculteurs qui fournissent la chaîne alimentaire. C’est une chance et un devoir », souligne David Rullier qui se félicite de la performance et de la solidarité de ses équipes durant la pandémie. Au niveau des différentes activités du groupe, « il ne faut pas pleurer. On sent une contraction de certains marchés, mais il n’y a pas de raison d’être alarmistes ou de s’inquiéter d’une situation de court terme. » Il faut dire que le chef d’entreprise pouvait déjà profiter « d’un portefeuille de commande soutenu. Il est un peu plus difficile aujourd’hui de le reconstituer. Notre structure est ancienne et gérée en bon père de famille : nous pouvons passer ce type d’épreuves. »
La Gironde plus touchée que d’autres
Au niveau du marché viticole, David Rullier pointe une baisse « aux alentours de - 30 % d’immatriculation tracteurs. Alors que les marchés, par exemple de la Provence ou de la Charente, se tiennent. Cela s’explique par des paramètres conjoncturels difficiles. Mais le marché peut rebondir très vite. Nos clients aiment le matériel et en ont besoin. »
En bons pères de famille, Simon et David Rullier n’ont pas mis tous leurs œufs dans le même panier. Au-delà de son ADN viticole, l’entreprise a ainsi professionnalisé et développé sa filière grandes cultures qui se trouve être plus stable.
Au niveau vinicole, après les pics d’investissements des débuts d’Agrimer, la vague s’écrase un peu : « Ces écarts de marché sont toujours compliqués à gérer dans les entreprises, notamment sur le plan des effectifs et des compétences. »
Aujourd’hui, ce marché se tasse.
Les évolutions technologiques permettront de poursuivre les équipements de chai. « L’électronique et la technologie offre une amélioration des performances de manière plus rapide. L’avancée technologique et la connectivité des matériels sont des facteurs d’amélioration des performances et d’incitation aurenouvellement. Nous pouvons ainsi offrir du conseil à distance, de l’aide au réglage, du diagnostic de pannes. Ce qui peut faire baisser les coûts de réparation et éviter un arrêt de la production. »
Le boom des outils de désherbage
Les outils de désherbage sont une industrie en pleine expansion.
« Aujourd’hui, il y a un véritable engouement autour du désherbage mécanique. Un engouement porté par le support des collectivités et du législateur. On a tous une âme d’écologiste. » Et de citer l’évolution autour du sujet en fonction des générations… « c’est une question d’époque. Aujourd’hui, il y a pléthore d’offres. J’ai un appel hebdomadaire pour me proposer des outils de travail du sol. » Là encore, le groupe Rullier reste fidèle à son histoire : la fidélité dans la gamme «premium ». « La grosse majorité des fournisseurs avec qui nous travaillons étaient déjà les partenaires de mon grand-père. Notre apport est de faire de la veille technologique et de remonter les idées à nos partenaires. L’essentiel est qu’au final le client soit satisfait par un produit qu’il souhaiterait voir apparaître et de qualité. »
Myriam Rober"